Sur une table, près du lit, se voyait le portefeuille aux initiales des frères Johausen, sa chaînette traînant à terre, vide des quinze mille roubles en billets d’État que Poch portait à Revel.
En premier lieu, le docteur Hamine soumit le cadavre aux constatations d’usage. La victime avait perdu beaucoup de sang. Une mare rouge, à demi coagulée, s’étendait depuis le lit jusqu’à la porte. La chemise de Poch, toute raidie, portait à la hauteur de la cinquième côte, un peu à gauche, la trace d’un trou qui correspondait à une blessure de forme assez singulière. Nul doute qu’elle eût été faite avec un de ces couteaux suédois dont la lame, longue de cinq à six pouces, plantée dans un manche de bois, est munie d’une virole à ressort. Cette virole avait laissé sur la peau, à l’orifice de la blessure, une empreinte très reconnaissable. Le coup ayant été porté avec une extrême violence, un seul avait suffi pour provoquer une mort foudroyante en perforant le cœur.
Sur le mobile de l’assassinat, aucune hésitation possible. C’était le vol, puisque les billets que renfermait le portefeuille de Poch avaient disparu.
Mais comment l’assassin avait-il pénétré dans la chambre ?… Évidemment par la fenêtre qui donnait sur la grande route, puisque, la porte de la chambre étant fermée intérieurement, le cabaretier, aidé de Broks, avait dû la forcer. Plus moyen d’en douter, d’ailleurs, lorsque l’état de la fenêtre aurait été constaté à l’extérieur de la maison.
Ce qui fut relevé avec certitude, grâce aux marques de sang laissées sur l’oreiller du lit, c’est que Poch avait dû placer son portefeuille sous cet oreiller, et que l’assassin l’avait cherché là, saisi de ses mains ensanglantées, puis déposé sur la table, après en avoir vidé le contenu.
Ces diverses constatations furent faites avec un soin minutieux,