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LA JUBARTE

« Diable ! diable ! murmurait le capitaine Hull, je n’ai jamais vu cela ! Satanée jubarte ! »

Enfin, la cinquième ligne dut être mise dehors, et déjà elle était à demi filée, lorsqu’elle sembla faiblir.

« Bon ! bon ! s’écria le capitaine Hull. La ligne est moins tendue ! La jubarte se fatigue ! »

En ce moment, le Pilgrim se trouvait à plus de cinq milles sous le vent de la baleinière.

Le capitaine Hull, hissant un pavillon au bout d’une gaffe, lui fit le signal de se rapprocher.

Et presque aussitôt, il put voir que Dick Sand, aidé de Tom et de ses compagnons, commençait à brasser les vergues, de manière à les orienter au plus près du vent.

Mais la brise était faible et mal établie. Elle ne venait que par bouffées de peu de durée. Très certainement, le Pilgrim aurait quelque peine à rejoindre la baleinière, si même il pouvait l’atteindre.

Cependant, ainsi qu’on l’avait prévu, la jubarte était revenue respirer à la surface de l’eau, avec le harpon toujours fixé dans son flanc. Elle restait à peu près immobile alors, semblant attendre son baleineau, que cette course furieuse avait dû distancer.

Le capitaine Hull fit forcer de rames afin de la rejoindre, et bientôt il n’en fut plus qu’à une faible distance.

Deux avirons furent relevés, et deux matelots s’armèrent, ainsi que l’avait fait le capitaine, de longues lances, destinées à frapper l’animal.

Howik manœuvra habilement alors, et se tint prêt à faire évoluer rapidement l’embarcation, pour le cas où la baleine reviendrait brusquement sur elle.

« Attention ! cria le capitaine Hull. Pas de coups perdus ! Visez bien, garçons ! Y sommes-nous, Howik ?

— Je suis paré, monsieur, répondit le maître d’équipage, mais une chose me tracasse ! C’est que la bête, après avoir fui si rapidement, est bien tranquille à cette heure !

— En effet, Howik, cela me paraît suspect.

— Défions-nous !

— Oui, mais allons de l’avant. »

Le capitaine Hull s’animait de plus en plus.

L’embarcation se rapprocha encore. La jubarte ne faisait que tourner sur