Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

Dick Sand ne répondit pas, mais il rougit en souriant. Le capitaine Hull comprit cette rougeur et ce sourire.

« Le brave garçon, se dit-il, modestie et bonne humeur, en vérité, c’est tout lui ! »

Cependant, à ces instantes recommandations, il était visible que, bien qu'il n’y eût aucun danger à le faire, le capitaine Hull ne quittait pas volontiers son navire, même pour quelques heures. Mais un irrésistible instinct de pêcheur, surtout le furieux désir de compléter son chargement d’huile et de ne pas rester au-dessous des engagements pris par James-W. Weldon à Valparaiso, tout cela lui disait de tenter l’aventure. D’ailleurs, cette mer si belle se prêtait merveilleusement à la poursuite d’un cétacé. Ni son équipage, ni lui, n’auraient pu résister à pareille tentation. La campagne de pêche serait enfin complète, et cette dernière considération tenait par-dessus tout au cœur du capitaine Hull.

Le capitaine Hull se dirigea vers l’échelle.

« Bonne chance ! lui dit Mrs Weldon.

— Merci, mistress Weldon !

— Je vous en prie, ne faites pas trop de mal à la pauvre baleine ! cria le petit Jack.

— Non, mon garçon ! répondit le capitaine Hull.

— Prenez-la tout doucement, monsieur.

— Oui… avec des gants, petit Jack !

— Quelquefois, fit observer cousin Bénédict, on trouve à récolter des insectes assez curieux sur le dos de ces grands mammifères !

— Eh bien, monsieur Bénédict, répondit en riant le capitaine Hull, vous aurez le droit d’« entomologiser » quand notre jubarte sera le long du Pilgrim ! »

Puis, se retournant vers Tom :

« Tom, je compte sur vos compagnons et vous, dit-il, pour nous aider à dépecer la baleine, lorsqu’elle sera amarrée à la coque du navire, — ce qui ne tardera pas.

À votre disposition, monsieur, répondit le vieux noir.

— Bien ! répondit le capitaine Hull. — Dick, ces braves gens t’aideront à préparer les barils vides. Pendant notre absence, ils les monteront sur le pont, et, de cette façon, la besogne ira vite au retour.

— Cela sera fait, capitaine. »

Pour ceux qui l’ignorent, il faut dire que la jubarte, une fois morte, devait être remorquée jusqu’au Pilgrim et solidement amarrée à son flanc de tribord. Alors