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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

point, et, malheureusement, en cet endroit, il n’était plus praticable. D’imposantes chutes, — très probablement les chutes de Ntamo, — en interdisaient la descente à toute embarcation. Donc, nécessité de suivre l’une ou l’autre rive, au moins jusqu’en aval des cataractes, soit pendant un ou deux milles, quitte à construire un radeau pour se laisser encore une fois aller à la dérive.

« Il reste donc, dit en concluant Dick Sand, à décider, si nous descendrons la rive gauche où nous sommes, ou la rive droite du fleuve. Toutes deux, mistress Weldon, me paraissent dangereuses, et les indigènes y sont redoutables. Cependant, sur cette rive, il semble que nous risquons davantage, puisque nous avons à craindre de rencontrer l’escorte de Negoro.

— Passons sur l’autre rive, répondit Mrs Weldon.

— Est-elle praticable ? fit observer Dick Sand. Le chemin des bouches du Congo est plutôt sur la rive gauche, puisque Negoro la suivait. N’importe ! Il n’y a pas à hésiter. Mais, avant de traverser le fleuve avec vous, mistress Weldon, il faut que je sache si nous pouvons le descendre jusqu’au-dessous des chutes. »

C’était agir prudemment, et Dick Sand voulut à l’instant même mettre son projet à exécution.

Le fleuve, en cet endroit, ne mesurait pas plus de trois à quatre cents pieds, et le traverser était facile pour le jeune novice, habitué à manier la godille. Mrs Weldon, Jack et cousin Bénédict devaient rester sous la garde d’Hercule en attendant son retour.

Ces dispositions prises, Dick Sand allait partir, lorsque Mrs Weldon lui dit :

« Tu ne crains pas d’être entraîné vers les chutes, Dick ?

— Non, mistress Weldon. Je passerai à quatre cents pieds au-dessus !

— Mais sur l’autre rive ?…

— Je ne débarquerai pas, si je vois le moindre danger.

— Emporte ton fusil.

— Oui, mais n’ayez aucune inquiétude pour moi.

— Peut-être vaudrait-il mieux ne pas nous séparer, Dick, ajouta Mrs Weldon, comme si elle eût été poussée par quelque pressentiment.

— Non… laissez-moi aller seul… répondit Dick Sand. Il le faut pour la sécurité de tous ! Avant une heure, je serai de retour. Veillez bien, Hercule ! »

Sur cette réponse, l’embarcation, démarrée, emporta Dick Sand vers l’autre côté du Zaïre.