Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.
365
S. V.

Hercule fit ce qu’avait fait Dingo. Il bondit à son tour hors de la hutte, et Dick Sand, Mrs Weldon, Jack, Bénédict, suivant ses traces, le virent se précipiter sur un homme qui se roulait à terre, tenu à la gorge par les redoutables crocs du chien.

C’était Negoro.

En se rendant à l’embouchure du Zaïre, afin de s’embarquer pour l’Amérique, ce coquin, après avoir laissé son escorte en arrière, était venu à l’endroit même où il avait assassiné le voyageur qui s’était confié à lui.

Mais ce n’était pas sans raison, et tous le comprirent, quand ils aperçurent quelques poignées d’or français qui brillait dans un trou récemment creusé au pied d’un arbre. Il était donc évident qu’après le meurtre et avant de tomber aux mains des Portugais, Negoro avait caché le produit du vol avec l’intention de revenir un jour le reprendre, et il allait s’emparer de tout cet or, lorsque Dingo, le dépistant, lui sauta à la gorge. Le misérable, surpris, avait tiré son coutelas et frappé le chien, au moment où Hercule se jetait sur lui en criant :

« Ah ! coquin ! Je vais donc enfin t’étrangler ! »

Ce n’était plus à faire ! Le Portugais ne donnait plus signe de vie, frappé, on peut le dire, par la justice divine, et sur le lieu même où le crime avait été commis. Mais le fidèle chien avait reçu un coup mortel, et, se traînant jusqu’à la hutte, il vint mourir là où était mort Samuel Vernon.

Hercule enterra profondément les restes du voyageur, et Dingo, pleuré de tous, fut mis dans la même fosse que son maître.

Negoro n’était plus, mais les indigènes qui l’accompagnaient depuis Kazonndé ne pouvaient être loin. En ne le revoyant pas, ils le chercheraient évidemment du côté du fleuve. C’était là un danger très sérieux.

Dick Sand et Mrs Weldon tinrent donc conseil sur ce qu’il convenait de faire, et de faire sans perdre un instant.

Un fait acquis, c’est que ce fleuve était le Congo, celui que les indigènes appellent Kwango ou Ikoutou ya Kongo, et qui est le Zaïre sous une longitude, le Loualâba sous une autre.

C’était bien cette grande artère de l’Afrique centrale à laquelle l’héroïque Stanley a imposé le nom glorieux de « Livingstone », mais que les géographes auraient peut-être dû remplacer par le sien.

Mais, s’il n’y avait plus à douter que ce fût le Congo, le billet du voyageur français marquait que son embouchure était encore à cent vingt milles de ce