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S. V.

qu’à vingt pieds de la rive, il atteignit la berge et disparut dans les herbes.

Ni Mrs Weldon, ni Dick Sand, ni Hercule ne savaient que penser.

Ils abordaient, quelques instants après, au milieu d’une écume verte de conferves et d’autres plantes aquatiques. Quelques martins-pêcheurs, poussant un sifflet aigu, et de petits hérons, blancs comme la neige, s’envolèrent aussitôt. Hercule amarra fortement l’embarcation à une souche de manglier, et tous gravirent la berge, au-dessus de laquelle se penchaient de grands arbres.

Nul sentier frayé dans cette forêt. Cependant, les mousses foulées du sol indiquaient que cet endroit avait été récemment visité par les indigènes ou les animaux.

Dick Sand, le fusil armé, Hercule, la hache à la main, n’avaient pas fait dix pas qu’ils retrouvaient Dingo. Le chien, le nez à terre, suivait une piste, faisant toujours entendre des aboiements. Un premier pressentiment inexplicable l’avait attiré sur cette partie de la rive, un second l’entraînait alors dans les profondeurs du bois. Cela fut nettement visible pour tous.

« Attention ! dit Dick Sand. Mistress Weldon, monsieur Bénédict, Jack, ne nous quittez pas ! — Attention, Hercule ! »

En ce moment Dingo relevait la tête, et, par petits bonds, il invitait à le suivre.

Un instant après, Mrs Weldon et ses compagnons le rejoignaient au pied d’un vieux sycomore, perdu au plus épais du bois.

Là s’élevait une hutte délabrée, aux ais disjoints, devant laquelle Dingo aboyait lamentablement.

« Qui donc est là ? » s’écria Dick Sand.

Il entra dans la hutte.

Mrs Weldon et les autres le suivirent.

Le sol était jonché d’ossements, déjà blanchis sous l’action décolorante de l’atmosphère.

« Un homme est mort dans cette hutte ! dit Mrs Weldon.

— Et cet homme, Dingo le connaissait ! répondit Dick Sand. C’était, ce devait être son maître ! Ah ! voyez ! »

Dick Sand montrait au fond de la hutte le tronc dénudé du sycomore.

Là apparaissaient deux grandes lettres rouges, presque effacées déjà, mais qu’on pouvait distinguer encore.

Dingo avait posé sa patte droite sur l’arbre, et il semblait les indiquer…

« S. V. ! s’écria Dick Sand. Ces lettres que Dingo a reconnues entre toutes ! Ces initiales qu’il porte sur son collier !… »