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QUELQUES NOUVELLES DU DOCTEUR LIVINGSTONE

Le 8 août, après avoir assisté aux horribles scènes que provoquait la traite des esclaves dans cette contrée, le docteur, n’emmenant, cette fois, que quelques cipayes et quelques nègres, se retrouvait à Mokalaosé, sur les bords du Nyassa. Six semaines plus tard, la plupart des hommes de l’escorte prenaient la fuite, revenaient à Zanzibar, et y répandaient faussement le bruit de la mort de Livingstone.

Lui, cependant, ne reculait pas. Il voulait visiter le pays compris entre le Nyassa et le lac Tanganyika. Le 10 décembre, guidé par quelques indigènes, il traversa la rivière Loangoua, et, le 2 avril 1867, il découvrit le lac Liemmba. Là, il resta un mois entre la vie et la mort. À peine rétabli, le 30 août, il atteignit le lac Moéro, dont il visita la rive septentrionale, et, le 21 novembre, il entrait dans la ville de Cazembé, où il demeura quarante jours, pendant lesquels il renouvela deux fois son exploration du lac Moéro.

De Cazembé, Livingstone pointa vers le nord, dans le dessein d’atteindre l’importante ville d’Oujiji, sur le Tanganyika. Surpris par des crues, abandonné de ses guides, il dut revenir à Cazembé, redescendit au sud, le 6 juin, et, six semaines après, gagna le grand lac Bangouéolo. Il y resta jusqu’au 9 août et chercha alors à remonter vers le Tanganyika.

Quel voyage ! À partir du 7 janvier 1869, la faiblesse de l’héroïque docteur était telle qu’il fallait le porter. En février, il atteignit enfin le lac et arriva à Oujiji, où il trouvait quelques objets envoyés à son adresse par la compagnie orientale de Calcutta.

Livingstone n’avait plus qu’une idée alors, gagner les sources ou la vallée du Nil en remontant le Tanganyika. Le 21 septembre, il était à Bambarré, dans le Manyouéma, contrée des cannibales, et arrivait au Loualâba, — ce Loualâba que Cameron allait soupçonner et Stanley découvrir n’être que le haut Zaïre ou Congo. À Mamohéla, le docteur fut quatre-vingts jours malade, n’ayant que trois serviteurs. Le 21 juillet 1871, il repartait enfin pour le Tanganyika, et, le 23 octobre seulement, il rentrait à Oujiji. Ce n’était plus qu’un squelette.

Cependant, avant cette époque, on était depuis longtemps sans nouvelles du voyageur. En Europe, on pouvait le croire mort. Lui-même avait presque perdu l’espoir d’être jamais secouru.

Onze jours après sa rentrée à Oujiji, le 3 novembre, des coups de fusil éclatent à un quart de mille du lac. Le docteur arrive. Un homme, un blanc, est devant lui.