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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

On s’occupa alors de préparer le repas du soir, car si grande qu’eut été la fatigue, elle n’avait pu altérer l’appétit de ces vigoureux marcheurs. Au contraire, et les conserves, qui devaient leur suffire pendant deux jours encore, furent bien accueillies. Le biscuit n’avait pas été atteint par l’humidité, et, pendant quelques minutes, on put l’entendre craquer sous les dents solides de Dick Sand et de ses compagnons. Entre les mâchoires d’Hercule, c’était comme le grain sous la meule du meunier. Il ne croquait pas, il broyait.

Seule, Mrs Weldon mangea à peine, et encore parce que Dick Sand l’en pria bien. Il lui semblait que cette courageuse femme était plus préoccupée, plus sombre qu’elle ne l’avait été jusqu’alors. Cependant, son petit Jack était moins souffrant, l’accès de fièvre n’était pas revenu, et, en ce moment, il reposait sous les yeux de sa mère dans une alvéole bien rembourrée de vêtements. Dick Sand ne savait que penser.

Il est inutile de dire que cousin Bénédict fit honneur au repas, non qu’il donnât aucune attention ni à la qualité, ni à la quantité des comestibles qu’il dévorait, mais parce qu’il avait trouvé l’occasion favorable de faire un cours d’entomologie sur les termites. Ah ! s’il avait pu trouver un termite, un seul, dans la fourmilière abandonnée ! Mais rien !

« Ces admirables insectes, dit-il, sans se préoccuper de savoir si on l’écoutait, ces admirables insectes appartiennent à l’ordre merveilleux des névroptères, dont les antennes sont plus longues que la tête, les mandibules très distinctes, les ailes inférieures la plupart du temps égales aux supérieures. Cinq tribus constituent cet ordre : les Panorpartes, les Myrmiléoniens, les Hémérobins, les Termitines et les Perlides. Inutile d’ajouter que les insectes dont nous occupons, indûment peut-être, la demeure, sont des Termitines. »

En ce moment, Dick Sand écoutait très attentivement cousin Bénédict. La rencontre de ces termites avait-elle éveillé en lui la pensée qu’il était peut-être sur le continent africain sans savoir par quelle fatalité il avait pu y arriver ? Le jeune novice était très anxieux de s’en rendre compte.

Le savant, monté sur son dada favori, continuait à chevaucher de plus belle.

« Or, ces termitines, dit-il, sont caractérisées par quatre articles aux tarses, des mandibules cornées et d’une vigueur remarquable. Il y a le genre mantispe, le genre raphidie, le genre termite, souvent connus sous le nom de fourmis blanches, dans lequel on compte le termite fatal, le termite à corselet jaune, le termite lucifuge, le mordant, le destructeur…