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LES MAUVAIS CHEMINS DE L’ANGOLA

La petite troupe, que précédaient Tom et Dick Sand, fit halte. Le jeune novice se détacha aussitôt et disparut au milieu de l’obscurité, qui était profonde lorsque les éclairs ne déchiraient pas la nue.

Quelques grosses gouttes de pluie commençaient déjà à tomber.

« Qu’y a-t-il ? demanda Mrs Weldon, qui s’approcha du vieux noir.

— Nous avons aperçu un camp, mistress Weldon, répondit Tom, un camp… ou peut-être un village, et notre capitaine a voulu aller le reconnaître avant de nous y conduire ! »

Mrs Weldon se contenta de cette réponse.

Trois minutes après, Dick Sand rentrait.

« Venez ! Venez ! cria-t-il d’une voix qui exprimait tout son contentement.

— Le camp est abandonné ? demanda Tom.

— Ce n’est pas un camp ! répondit le jeune novice, ce n’est pas une bourgade ! Ce sont des fourmilières !

— Des fourmilières ! s’écria cousin Bénédict, que ce mot mit en éveil.

— Oui, mais des fourmilières hautes de douze pieds au moins, et dans lesquelles nous essayerons de nous blottir !

— Mais alors, répondit cousin Bénédict, ce seraient les fourmilières du termite belliqueux ou du termite dévorant ! Il n’y a que ces insectes de génie qui élèvent de tels monuments, que ne désavoueraient pas les plus grands architectes !

— Que ce soient des termites ou non, monsieur Bénédict, répondit Dick Sand, il faut les déloger et prendre leur place.

— Ils nous dévoreront ! Ils seront dans leur droit !

— En route, en route…

— Mais, attendez donc ! dit encore cousin Bénédict. Je croyais que ces fourmilières-là n’existaient qu’en Afrique !…

— En route ! » cria une dernière fois Dick Sand avec une sorte de violence, tant il craignait que Mrs Weldon n’eût entendu le dernier mot prononcé par l’entomologiste.

On suivit Dick Sand en toute hâte. Un vent furieux s’était levé. De grosses gouttes crépitaient sur le sol. Dans quelques instants, les rafales deviendraient insoutenables.

Bientôt, un de ces cônes qui hérissaient la plaine fut atteint, et quelque menaçants que fussent les termites, il ne fallait point hésiter, si l’on ne pouvait les en chasser, à partager leur demeure.