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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

sent attirer les décharges électriques. Jack, réveillé par les fracas du tonnerre, se cachait dans les bras d’Hercule. Il avait bien peur, le pauvre petit, mais il ne voulait pas le laisser voir à sa mère, dans la crainte de l’affliger davantage. Hercule, tout en marchant à grands pas, le consolait de son mieux.

« N’ayez pas peur, petit Jack, lui répétait-il. Si le tonnerre nous approche, je le casserai en deux, d’une seule main ! Je suis plus fort que lui ! »

Et vraiment la force du géant rassurait bien un peu le petit Jack !

Cependant, la pluie ne pouvait tarder à tomber, et alors, ce seraient des torrents que verseraient ces nuages en se condensant. Que deviendraient Mrs Weldon et ses compagnons, s’ils ne trouvaient pas un abri ?

Dick Sand s’arrêta un instant près du vieux Tom.

« Que faire ? dit-il.

— Continuer notre marche, monsieur Dick, répondit Tom. Nous ne pouvons rester sur cette plaine, que la pluie va transformer en marécage !

— Non, Tom, non ! mais un abri ! Où ? Lequel ? Ne fût-ce qu’une hutte !… »

Dick Sand avait brusquement interrompu sa phrase. Un éclair, plus blanc, venait d’illuminer la plaine tout entière.

« Qu’ai-je vu, là, à un quart de mille ?… s’écria Dick Sand.

— Oui, moi aussi, j’ai vu !… répondit le vieux Tom en secouant la tête.

— Un camp, n’est-ce pas ?

— Oui… monsieur Dick… ce doit être un camp… mais un camp d’indigènes !… »

Un nouvel éclair permit d’observer plus nettement ce camp, qui occupait une partie de l’immense plaine.

Là, en effet, se dressaient une centaine de tentes coniques, symétriquement rangées et mesurant douze à quinze pieds de hauteur. Pas un soldat ne se montrait d’ailleurs. Étaient-ils donc enfermés sous leurs tentes, afin de laisser passer l’orage, ou le camp était-il abandonné ?

Dans le premier cas, Dick Sand, quelles que fussent les menaces du ciel, devait fuir au plus vite. Dans le second, là était peut-être l’abri qu’il demandait.

« Je le saurai ! » se dit-il.

Puis, s’adressant au vieux Tom :

« Restez ici, ajouta-t-il. Que personne ne me suive ! J’irai reconnaître ce camp.

— Laissez l’un de nous vous accompagner, monsieur Dick.

— Non, Tom. J’irai seul ! Je puis approcher sans être vu. Restez. »