Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
EN MARCHE

Le campement fut établi dans un fourré de bambous, qui abrita complètement la petite troupe.

On parla peu pendant ce repas. Mrs Weldon avait repris son petit garçon entre ses bras ; elle ne le quittait pas des yeux ; elle ne pouvait manger.

« Il faut prendre quelque nourriture, mistress Weldon, lui répéta plusieurs fois Dick Sand. Que deviendriez-vous si les forces vous manquaient ? Mangez, mangez ! Nous nous remettrons bientôt en route, et un bon courant nous portera sans fatigue à la côte. »

Mrs Weldon regardait Dick Sand bien en face, pendant qu’il lui parlait ainsi. Les yeux ardents du jeune novice disaient tout le courage dont il se sentait animé. En le voyant tel, en observant ces braves noirs si dévoués, femme et mère, elle ne voulait pas désespérer encore. Et, d’ailleurs, pourquoi se fût-elle abandonnée ? Ne se croyait-elle pas sur une terre hospitalière ? La trahison d’Harris ne pouvait, à ses yeux, avoir des conséquences bien graves. Dick Sand devinait le cours de ses pensées, et lui, il était tenté de baisser la tête.


CHAPITRE IV

les mauvais chemins de l’angola.


En ce moment, le petit Jack se réveilla et passa ses bras au cou de sa mère. Son œil était meilleur. La fièvre n’était pas revenue.

« Tu vas mieux, mon chéri ? demanda Mrs Weldon en pressant l’enfant malade sur son cœur.

— Oui, mère, répondit Jack, mais j’ai un peu soif. »

On ne put donner à l’enfant que de l’eau fraîche, dont il but quelques gorgées avec plaisir.

« Et mon ami Dick ? demanda-t-il.

— Me voici, Jack, répondit Dick Sand, qui vint prendre la main du jeune enfant.

— Et mon ami Hercule ?…

— Présent, Hercule, monsieur Jack, répondit le géant en approchant sa bonne figure.