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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

être ne trouverez-vous pas dans cette ferme le luxe auquel vous êtes accoutumée à votre habitation de San-Francisco, mais vous verrez que nos exploitations de l’intérieur ne manquent point de confortable. Nous ne sommes pas absolument des sauvages.

— Monsieur Harris, répondit Mrs Weldon, si nous n’avons que des remerciements à vous offrir pour votre généreux concours, du moins nous vous les offrirons de bon cœur. Oui ! il est temps que nous arrivions !

— Vous êtes bien fatiguée, mistress Weldon ?

— Moi, peu importe ! répondit Mrs Weldon, mais je m’aperçois que mon petit Jack s’épuise peu à peu ! La fièvre commence à le prendre à certaines heures !

— Oui, répondit Harris, et, quoique le climat de ce plateau soit très sain, il faut bien avouer qu’en mars et en avril il y règne des fièvres intermittentes.

— Sans doute, dit alors Dick Sand, mais aussi la nature, qui est toujours et partout prévoyante, a-t-elle mis le remède près du mal !

— Et comment cela, mon jeune ami ? demanda Harris, qui semblait ne pas comprendre.

— Ne sommes-nous donc pas dans la région des quinquinas ? répondit Dick Sand.

— En effet, dit Harris, vous avez parfaitement raison. Les arbres qui fournissent la précieuse écorce fébrifuge sont ici chez eux.

— Je m’étonne même, ajouta Dick Sand, que nous n’en ayons pas encore vu un seul !

— Ah ! mon jeune ami, répondit Harris, ces arbres ne sont pas faciles à distinguer. Bien qu’ils soient souvent de haute taille, que leurs feuilles soient grandes, leurs fleurs roses et odorantes, on ne les découvre pas aisément. Il est rare qu’ils poussent par groupes. Ils sont plutôt disséminés dans les forêts, et les Indiens, qui font la récolte du quinquina, ne peuvent les reconnaître qu’à leur feuillage toujours vert.

— Monsieur Harris, dit Mrs Weldon, si vous voyez un de ces arbres, vous me le montrerez.

— Certainement, mistress Weldon, mais vous trouverez à l’hacienda du sulfate de quinine. Cela vaut encore mieux, pour couper la fièvre, que la simple écorce de l’arbre[1].

  1. Autrefois, on se contentait de réduire cette écorce en poudre, qui portait le nom de « Poudre des Jésuites », parce qu’en 1649, les Jésuites de Rome en reçurent de leur mission d’Amérique un envoi considérable.