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HARRIS

pampas de la République argentine. Quant à moi, à mon grand regret, je ne saurais vous y accompagner.

— Les navires qui vont du Chili au Pérou ne passent donc pas en vue de cette côte ? demanda alors Mrs Weldon.

— Non, répondit Harris. Ils se tiennent beaucoup plus au large, et vous n’avez pas dû en rencontrer.

— En effet, répondit Mrs Weldon. — Eh bien, Dick, as-tu encore quelque question à adresser à monsieur Harris ?

— Une seule, mistress Weldon, répondit le novice, qui éprouvait quelque peine à se rendre. Je demanderai à monsieur Harris dans quel port il pense que nous pourrons trouver un navire pour retourner à San-Francisco ?

– Ma foi, mon jeune ami, je ne saurais trop vous le dire, répondit l’Américain. Tout ce que je sais, c’est que nous vous fournirons à l’hacienda de San-Felice les moyens de gagner la ville d’Atacama, et de là…

— Monsieur Harris, dit alors Mrs Weldon, ne croyez pas que Dick Sand hésite à accepter vos offres !

— Non, mistress Weldon, non, certes, je n’hésite pas, répondit le jeune novice, mais je ne puis m’empêcher de regretter de ne pas nous être mis à la côte quelques degrés plus au nord ou plus au sud ! Nous aurions été à proximité d’un port, et cette circonstance, en facilitant notre rapatriement, nous eût évité de mettre à contribution la bonne volonté de monsieur Harris.

— Ne craignez pas d’abuser de moi, mistress Weldon, reprit Harris. Je vous répète que j’ai trop rarement l’occasion de me retrouver en présence de compatriotes. C’est pour moi un véritable plaisir de vous obliger.

— Nous acceptons votre offre, monsieur Harris, répondit Mrs Weldon, mais je ne voudrais pas, cependant, vous priver de votre cheval. Je suis bonne marcheuse…

— Et moi très bon marcheur, répondit Harris en s’inclinant. Habitué aux longues courses à travers les pampas, ce n’est pas moi qui retarderai notre caravane. Non, mistress Weldon, vous et votre petit Jack, vous vous servirez de ce cheval. Il est possible, d’ailleurs, que nous rencontrions en route quelques-uns des serviteurs de l’hacienda, et, comme ils seront montés, eh bien ! ils nous céderont leurs montures. »

Dick Sand vit bien qu’en faisant de nouvelles objections, il contrarierait Mrs Weldon.

« Monsieur Harris, dit-il, quand partirons-nous ?

— Aujourd’hui même, mon jeune ami, répondit Harris. La mauvaise saison