Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

cette côte était celle de la basse Bolivie, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle fût si déserte.

« Monsieur, dit alors Dick Sand, d’après votre réponse, je dois conclure que nous sommes à une assez grande distance de Lima.

— Oh ! Lima est au loin… par là ! dans le nord ! »

Mrs Weldon, mise tout d’abord en méfiance par la disparition de Negoro, observait le nouveau venu avec une extrême attention, mais elle ne surprit rien, ni dans son attitude, ni dans sa manière de s’exprimer, qui pût faire suspecter sa bonne foi.

« Monsieur, dit-elle, ma question n’est pas indiscrète sans doute… Vous ne semblez pas être d’origine péruvienne ?

— Je suis Américain comme vous l’êtes, mistress ?… dit l’inconnu, qui attendit un instant que l’Américaine lui fît connaître son nom.

Mistress Weldon, répondit celle-ci.

— Moi, je me nomme Harris, et je suis né dans la Caroline du Sud. Mais voilà vingt ans que j’ai quitté mon pays pour les pampas de la Bolivie, et cela me fait plaisir de revoir des compatriotes.

— Vous habitez cette partie de la province, monsieur Harris ? demanda Mrs Weldon.

— Non, mistress Weldon, répondit Harris, je demeure dans le sud, sur la frontière chilienne, mais, en ce moment, je me rends à Atacama, dans le nord-est.

— Sommes-nous donc sur la lisière du désert de ce nom ? demanda Dick Sand.

— Précisément, mon jeune ami, et ce désert s’étend bien au-delà des montagnes qui ferment l’horizon.

— Le désert d’Atacama ? répéta Dick Sand.

— Oui, répondit Harris. Ce désert est comme un pays à part dans cette vaste Amérique du Sud, dont il diffère sous bien des rapports. C’est à la fois la portion la plus curieuse et la moins connue de ce continent.

— Et-vous y voyagez seul ? demanda Mrs Weldon.

— Oh ! ce n’est pas la première fois que je fais ce voyage ! répondit l’Américain. Il y a, à deux cents milles d’ici, une ferme importante, l’hacienda de San-Felice, qui appartient à l’un de mes frères, et c’est chez lui que je me rends pour mon commerce. Si vous voulez m’y suivre, vous serez bien reçus, et les moyens de transport ne vous manqueront point pour gagner la ville d’Atacama. Mon frère sera heureux de vous les fournir. »