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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

certaine quantité d’amadou, bien conservé dans une boîte hermétiquement close, et, quand on le voudrait, il battrait le briquet, ne fût-ce qu’avec les silex de la grève.

Restait donc à découvrir le trou dans lequel se blottirait la petite troupe, pour le cas où il lui conviendrait de prendre une nuit de repos avant de se mettre en marche.

Et, ma foi, ce fut le petit Jack qui trouva la chambre à coucher en question. En trottinant au pied de la falaise, derrière un retour de la roche, il découvrit une de ces grottes, bien polies, bien évidées, que la mer creuse elle-même, lorsque ses flots, grossis par la tempête, battent la côte.

Le jeune enfant était ravi. Il appela sa mère en poussant des cris de joie et lui montra triomphalement sa découverte.

« Bien, mon Jack ! répondit Mrs Weldon. Si nous étions des Robinson destinés à vivre longtemps sur ce rivage, nous n’oublierions pas de donner ton nom à ta grotte ! »

La grotte n’avait que dix à douze pieds de profondeur et autant de largeur, mais, aux yeux du petit Jack, c’était une énorme caverne. En tout cas, elle devait suffire à contenir les naufragés, et, — ce que Mrs Weldon et Nan constatèrent avec satisfaction, — elle était bien sèche. La lune se trouvait alors dans son premier quartier, et on ne devait pas craindre que ces marées de morte eau atteignissent le pied de la falaise, et la grotte, par conséquent. Donc, il n’en fallait pas plus pour se reposer quelques heures.

Dix minutes après, tout le monde était étendu sur un tapis de varech. Negoro lui-même avait cru devoir rejoindre la petite troupe et prendre sa part du repas qui allait être fait en commun. Sans doute, il n’avait pas jugé à propos de s’aventurer seul sous l’épaisse forêt à travers laquelle s’enfonçait la sinueuse rivière.

Il était une heure après midi. La viande conservée, le biscuit, l’eau douce, additionnée de quelques gouttes de rhum, dont Bat avait sauvé un quartaut, firent les frais de ce repas.

Mais, si Negoro y prit part, il ne se mêla aucunement à la conversation, dans laquelle furent discutées les mesures qu’exigeait la situation des naufragés. Toutefois, sans trop en avoir l’air, il écouta et fit son profit, sans doute, de ce qu’il entendit.

Pendant ce temps, Dingo, qui n’avait point été oublié, veillait hors de la grotte. On pouvait être tranquille. Nul être vivant ne se fût montré sur la grève sans que le fidèle animal eût donné l’éveil.