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CE QU’IL CONVIENT DE FAIRE

que cousin Bénédict saurait bien découvrir. Mais, quoi qu’en eût le petit Jack, on ne pouvait leur demander le nom du pays, et, pour l’apprendre, il fallait nécessairement s’adresser à quelque indigène.

Il n’y en avait pas, ou, du moins, on n’en voyait pas un seul. D’habitation, hutte ou cabane, pas davantage, ni dans le nord, au-delà de la petite rivière, ni dans le sud, ni enfin à la partie supérieure de cette falaise, au milieu des arbres de l’épaisse forêt. Pas une fumée ne montait dans l’air. Aucun indice, marque ou empreinte n’indiquait que cette portion du continent fût visitée par des êtres humains.

Dick Sand ne laissait pas d’être assez surpris.

« Où sommes-nous ? où pouvons-nous être ? se demandait-il. Quoi ! personne à qui parler ! »

Personne, en vérité, et, à coup sûr, si quelque indigène se fût approché, Dingo l’eût senti et annoncé par un aboiement. Le chien allait et venait sur la grève, le nez au sol, la queue basse, grondant sourdement, certainement très singulier d’allure, mais ne décelant l’approche ni d’un homme, ni d’un animal quelconque.

« Dick, regarde donc Dingo ! dit Mrs Weldon.

— Oui ! cela est étrange ! répondit le novice. Il semble qu’il cherche à retrouver une piste !

— Bien étrange, en effet ! » murmura Mrs Weldon.

Puis, reprenant :

« Que fait Negoro ? demanda-t-elle.

— Il fait ce que fait Dingo, répondit Dick Sand. Il va, il vient !… Après tout, il est libre ici. Je n’ai plus le droit de lui donner des ordres. Son service a fini après l’échouage du Pilgrim ! »

En effet, Negoro arpentait la grève, se retournait, regardait le rivage et la falaise, comme un homme qui eût cherché à rassembler des souvenirs et à les fixer. Connaissait-il donc cette contrée ? Il aurait probablement refusé de répondre à cette question, si elle lui eût été faite. Le mieux était encore de ne pas s’occuper de ce personnage, si peu sociable. Dick Sand le vit bientôt se diriger du côté de la petite rivière, et, quand Negoro eut disparu au tournant de la falaise, il cessa de songer à lui.

Dingo avait bien aboyé, lorsque le cuisinier était arrivé sur la berge, mais il s’était tu presque aussitôt.

Il fallait, maintenant, aviser au plus pressé. Or, le plus pressé, c’était de trouver un refuge, un abri quelconque, où l’on pût s’installer provisoirement et