« Qu’y a-t-il ? se disait-il alors. Un malheur qu’on craint et qu’on me cache ! Est-ce un secret de famille dans lequel un étranger ne peut intervenir ? Mais suis-je donc encore un étranger pour eux ? Non ! Ils devraient bien le penser ! Enfin, quand j’annoncerai mon départ, peut-être comprendra-t-on que c’est un véritable ami qui va partir ! »
Et, ce jour-là, il dit :
« Mes amis, le moment approche où, à mon grand regret, je vais être obligé de vous quitter !
– Déjà, monsieur Sylvius, déjà ! s’écria Joël avec une vivacité dont il ne fut pas maître.
– Eh ! le temps passe vite auprès de vous ! Voilà dix-sept jours que je suis à Dal !
– Quoi !… dix-sept jours ! dit Hulda.
– Oui, chère enfant, et la fin de mon congé approche. Je n’ai pas une semaine à perdre si je veux achever ce voyage par Drammen et Kongsberg. Et cependant, si c’est bien à vous que le Storthing doit de ne point avoir à me remplacer sur mon siège de député, le Storthing, pas plus que moi, ne saurait comment reconnaître…
– Oh ! monsieur Sylvius !… répondit Hulda, qui, de sa petite main, semblait vouloir lui fermer la bouche.
– C’est convenu, Hulda ! Il m’est défendu de parler de cela – ici du moins…
– Ni ici ni ailleurs ! dit la jeune fille.
– Soit ! Je ne suis pas mon maître et je dois obéir ! Mais, Joël et vous, ne viendrez-vous pas me voir à Christiania ?
– Vous voir, monsieur Sylvius ?…
– Oui ! me voir… passer quelques jours dans ma maison… avec dame Hansen, s’entend !
– Et si nous quittons l’auberge, qui la gardera pendant notre absence ? répondit Joël.
– Mais l’auberge n’a pas besoin de vous, j’imagine, lorsque la saison des excursions est terminée. Aussi, je compte bien venir vous chercher à la fin de l’automne…