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le numéro 9672.

risquaient-ils pas d’altérer la bonne humeur de leur hôte en lui contant leurs peines ?

« Cependant, disait Joël à sa sœur, peut-être avons-nous tort de ne pas nous confier à monsieur Sylvius ? C’est un homme de bon conseil, et, par ses relations, il pourrait peut-être savoir si l’on se préoccupe à la Marine de ce qu’est devenu le Viken.

– Tu as raison, Joël, répondait Hulda. Je pense que nous ferons bien de tout lui dire. Mais attendons qu’il soit bien guéri !

– Oui, et cela ne peut tarder ! » reprenait Joël.

La semaine finie, Sylvius Hog n’avait plus besoin d’aide pour quitter sa chambre, bien qu’il boitât encore un peu. Il venait alors s’asseoir sur un des bancs, devant la maison, à l’ombre des arbres. De là, il pouvait apercevoir la cime du Gousta, qui resplendissait sous les rayons du soleil, pendant que le Maan, charriant des troncs en dérive, grondait à ses pieds.

On voyait aussi passer du monde sur la route de Dal au Rjukanfos. Le plus souvent, c’étaient des touristes, dont quelques-uns s’arrêtaient une heure ou deux à l’auberge de dame Hansen pour déjeuner ou dîner. Il venait aussi des étudiants de Christiania, le sac au dos, la petite cocarde norvégienne à la casquette.

Ceux-là reconnaissaient le professeur. De là, des bonjours interminables, des saluts cordiaux, qui prouvaient combien Sylvius Hog était aimé de toute cette jeunesse.

« Vous ici, monsieur Sylvius ?

– Moi, mes amis !

– Vous que l’on croit au fond du Hardanger !

– On a tort ! C’est au fond du Rjukanfos que je devrais être !

– Eh bien ! nous dirons partout que vous êtes à Dal !

– Oui, à Dal, avec une jambe… en écharpe !

– Heureusement, vous avez trouvé bon gîte et bons soins dans l’auberge de dame Hansen !

– Imaginez-en une meilleure !

– Il n’y en a guère !