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le numéro 9672.


– Certainement, monsieur Sylvius !

– Parfait, mes amis ! Encore quatre ou cinq jours, il n’y paraîtra plus ! D’ailleurs, comment ne guérirait-on pas dans une si jolie chambre ? Où pourrait-on mieux se faire traiter que dans l’excellente auberge de Dal ? Et ce bon lit avec ses devises qui valent bien les horribles formules de la Faculté ! Et cette joyeuse fenêtre qui s’ouvre sur la vallée du Maan ! Et le murmure des eaux qui se glisse jusqu’au fond de mon alcôve ! Et la senteur des vieux arbres dont toute la maison est embaumée ! Et le bon air, l’air de la montagne ! Eh ! ne voilà-t-il pas le meilleur des médecins ! Quand on a besoin de lui, on n’a qu’à ouvrir la fenêtre, il arrive, il vous ragaillardit, et il ne vous met pas à la diète ! »

Il disait si gaiement toutes ces choses, Sylvius Hog, qu’avec lui, semblait-il, un peu de bonheur venait d’entrer dans la maison. Du moins, ce fut l’impression du frère et de la sœur, qui se tenaient la main en l’écoutant, s’abandonnant tous deux à la même émotion.

C’était dans la chambre du rez-de-chaussée qu’avait été tout d’abord conduit le professeur. Maintenant, à demi couché dans un grand fauteuil, sa jambe étendue sur un escabeau, il recevait les soins de Hulda et de Joël. Un pansement à l’eau fraîche, il ne voulut que ce remède. Et, en réalité, en fallait-il un autre ?

« Bien, mes amis, bien ! disait-il. Il ne faut pas abuser des drogues ! Et maintenant, savez-vous bien que, sans votre obligeance, j’aurais vu d’un peu trop près les merveilles du Rjukanfos ! Je roulais dans l’abîme comme un simple roc ! J’ajoutais une nouvelle légende à la légende de Maristien, et, moi, je n’avais pas d’excuse ! Ma fiancée ne m’attendait pas sur l’autre bord, comme le malheureux Eystein !

– Et quel chagrin c’eût été pour madame Hog ! dit Hulda. Elle ne se serait jamais consolée…

– Madame Hog ?… répliqua le professeur. Eh bien, madame Hog n’aurait pas versé une larme !

– Oh ! monsieur Sylvius !…

– Non, vous dis-je, par cette raison qu’il n’y a pas de madame Hog ! Et je