Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
un billet de loterie.

descendre le sentier sinueux, qui conduit vers la rive du Maan où il rejoint la route de Dal.

Cela ne se fit pas sans quelques « aïe ! aïe ! » qui se terminaient invariablement par un bon éclat de rire. Enfin, on atteignit la scierie, et Joël s’occupa d’atteler la kariol.

Cinq minutes après, le voyageur était installé dans la caisse avec la jeune fille près de lui.

« Et vous ? demanda-t-il à Joël. Il me semble bien que j’ai dû prendre votre place…

– Une place que je vous cède de bon cœur.

– Mais peut-être en se serrant…

– Non… Non !… J’ai mes jambes, monsieur, des jambes de guide ! Ça vaut des roues…

– Et de fameuses, mon garçon, de fameuses ! »

On partit en suivant la route qui se rapproche peu à peu du Maan. Joël s’était mis à la tête du cheval et il le guidait par le bridon, de manière à éviter de trop forts cahots à la kariol. Le retour se fit gaiement – du moins de la part du voyageur. Il causait déjà comme un vieil ami de la famille Hansen. Avant d’arriver, le frère et la sœur lui disaient « monsieur Sylvius », et monsieur Sylvius ne les appelait plus que Hulda et Joël, comme s’ils se fussent connus tous trois de longue date.

Vers quatre heures, le petit clocher de Dal montra sa fine pointe entre les arbres du hameau. Un instant après, le cheval s’arrêtait devant l’auberge. Le voyageur descendit de la kariol, non sans quelque peine. Dame Hansen était venue le recevoir à la porte, et, bien qu’il n’eût pas demandé la meilleure chambre de la maison, ce fut celle-là qu’on lui donna tout de même.