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un billet de loterie.

le fauteuil de la grande salle, et, là, tout absorbée, faisait machinalement tourner son rouet.

Joël le vit bien, sa mère était encore plus tourmentée que d’habitude ; mais comme elle répondait invariablement « qu’elle n’avait rien », lorsqu’on l’interrogeait à cet égard, son fils ne voulut lui parler que du mariage de Hulda.

« Ma mère, dit-il, vous le savez, nous avons appris par la dernière lettre de Ole qu’il sera vraisemblablement de retour au Telemark dans quelques semaines.

– C’est à souhaiter, répondit dame Hansen, et puisse-t-il n’éprouver aucun retard !

– Voyez-vous quelque inconvénient à ce que nous fixions au 25 mai la date du mariage ?

– Aucun, si Hulda y consent.

– Son consentement est tout donné déjà. Et maintenant, je vous demanderai, ma mère, si votre intention n’est pas de faire bien les choses à cette occasion.

– Qu’entends-tu par « faire bien les choses » ? répondit dame Hansen, sans lever les yeux de son rouet.

– J’entends, avec votre agrément, cela va de soi, ma mère, que la cérémonie se rapporte avec notre situation dans le bailliage. Nous devons y convier nos connaissances, et, si la maison ne peut suffire à nos hôtes, il n’est pas un voisin qui ne s’empressera de les héberger.

– Quels seraient ces hôtes, Joël ?

– Mais je pense qu’il faudra inviter tous nos amis de Mœl, de Tiness, de Bamble, et je m’en charge. J’imagine aussi que la présence de MM. Help frères, les armateurs de Bergen, ne pourra que faire honneur à la famille, et, avec votre agrément, je le répète, je leur offrirai de venir passer une journée à Dal. Ce sont de braves gens qui aiment beaucoup Ole, et je suis sûr qu’ils accepteront.

– Est-il donc si nécessaire, répondit dame Hansen, de traiter ce mariage avec tant d’importance ?