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un billet de loterie.

« Merci pour ce repas, Tack for mad ! »

Quoi de plus agréable que de lui entendre répondre de sa voix fraîche et sonore :

« Puisse-t-il vous faire du bien, Wed bekomme ! »




IV

Ole Kamp était parti depuis un an. Il l’avait dit dans sa lettre – une rude campagne, cette campagne d’hiver sur les parages de New-Found-Land ! On y gagne bien son argent, quand on en gagne. Il y a là-bas des coups de vent d’équinoxe qui surprennent les bâtiments, au large des îles, et détruisent en quelques heures toute une flottille de pêche. Mais le poisson pullule sur ce haut fond de Terre-Neuve, et les équipages, lorsqu’ils sont favorisés, trouvent une large compensation aux fatigues comme aux dangers de ce trou à tempêtes.

Du reste, les Norvégiens sont de bons marins. Ils ne boudent point à la besogne. Au milieu des fiords du littoral, depuis Christiansand jusqu’au cap Nord, entre les récifs du Finmark, à travers les passes des Loffoden, les occasions ne leur manquent pas de se familiariser avec les fureurs de l’Océan. Lorsqu’ils traversent l’Atlantique Nord pour aller de conserve aux lointaines pêcheries de Terre-Neuve, ils ont déjà fait preuve de courage. Pendant leur enfance, ce qu’ils ont reçu de coups de queue d’ouragan, sur la côte européenne, les a mis à même d’affronter les coups de tête des mêmes tempêtes sur le New-Found-Land. Ils attrapent la bourrasque à son début, voilà toute la différence.