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un billet de loterie.

raient pu, et la pauvre fille prit à peine sa part du déjeuner. Quand le repas fut achevé :

– Mes enfants, dit Sylvius Hog, vous avez évidemment eu tort de ne point faire honneur à cette agréable cuisine. Mais, enfin, je ne pouvais pas vous forcer. Après tout, si vous n’avez pas déjeuné, vous n’en dînerez que mieux. Par exemple, je ne sais pas si je pourrai vous tenir tête ce soir ! Et maintenant, voici le moment de se lever de table.

Le professeur était déjà debout, il prenait son chapeau que lui tendait Joël, lorsque Hulda, l’arrêtant, lui dit :

– Monsieur Sylvius, vous tenez toujours, n’est-ce pas, à ce que je vous accompagne ?

– Pour assister au tirage de la loterie ?… Certainement j’y tiens, et beaucoup, ma chère fille !

– Ce sera bien pénible pour moi !

– Très pénible, j’en conviens ! Mais Ole a voulu que vous fussiez présente au tirage, Hulda, et il faut respecter la volonté de Ole !

Décidément, cette phrase était devenue un refrain dans la bouche de Sylvius Hog !



XIX

Quelle affluence en cette grande salle de l’Université de Christiania, où allait s’effectuer le tirage de la loterie — et même dans les cours, puisque la grande salle ne pouvait suffire à tant de monde — et jusque dans les rues avoisinantes, puisque les cours étaient encore trop petites pour contenir tout ce populaire !

Certes, ce dimanche 15 juillet, ce n’est pas à leur calme qu’on eût pu reconnaître ces Norvégiens si étrangement surexcités. Quant à cette surexcitation,