Hulda était dans sa chambre. Assise près de la fenêtre, elle attendait. Le professeur frappa à la porte, qui s’ouvrit aussitôt.
« Ah ! monsieur Sylvius ! s’écria la jeune fille en se levant.
– Me voilà ! Me voilà ! Mais il ne s’agit pas de monsieur Sylvius, ma petite Hulda, il s’agit du déjeuner qui est déjà servi. J’ai une faim de loup. Où est Joël ?
– Dans la salle de lecture.
– Bien !… Je vais l’y chercher ! Vous, chère enfant, descendez tout de suite nous rejoindre ! »
Sylvius Hog quitta la chambre de Hulda et alla trouver Joël qui l’attendait aussi, mais désespéré.
Le pauvre garçon lui montra le numéro du Morgen-Blad. La dépêche du commandant du Telegraf ne laissait plus aucun doute sur la perte totale du Viken.
« Hulda n’a pas lu ?… demanda vivement le professeur.
– Non, monsieur Sylvius, non ! Il vaut mieux lui cacher ce qu’elle n’apprendra que trop tôt !
– Vous avez bien fait, mon garçon… Allons déjeuner. »
Un instant après, tous trois étaient assis à une table particulière. Sylvius Hog mangeait de grand appétit. Un excellent déjeuner, d’ailleurs, et qui avait toute l’importance d’un dîner. Qu’on en juge ! Soupe froide à la bière, avec tranches de citron, morceaux de cannelle, saupoudrée de pain bis en miettes, saumon à la sauce blanche sucrée, veau cuit dans de la fine chapelure, rosbif saignant avec une salade non assaisonnée, mais relevée d’épices, glaces à la vanille, confiture de pommes de terre, framboises, cerises et noisettes, le tout arrosé d’un vieux Saint-Julien de France.
« Excellent !… Excellent !… répétait Sylvius Hog. On se croirait à Dal dans l’auberge de dame Hansen ! »
Et, à défaut de sa bouche empêchée, ses bons yeux souriaient autant que des yeux peuvent sourire.
Joël et Hulda eussent vainement voulu se mettre à ce diapason ; ils ne l’au-