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un billet de loterie.

camarade, mon cousin Joël, ton frère, qui ne demande pas mieux que de devenir le mien.

« Au reçu de la présente, fais bien toutes mes amitiés à dame Hansen, que je vois d’ici, au fond de son fauteuil de bois, près du vieux poêle, dans la grande salle. Répète-lui que je l’aime deux fois, d’abord parce qu’elle est ta mère, et ensuite parce qu’elle est ma tante.

« Surtout ne vous dérangez pas pour venir au-devant de moi à Bergen. Il serait possible que le Viken fût signalé plus tôt que je le marque. Quoi qu’il en soit, vingt-quatre heures après mon débarquement, chère Hulda, tu peux compter que je serai à Dal. Mais ne va pas être trop surprise si j’arrive en avance.

« Nous avons été rudement secoués par les gros temps pendant cet hiver, le plus mauvais que nos marins aient jamais passé. Par bonheur, la morue du grand banc a donné avec abondance. Le Viken en rapporte près de cinq mille quintaux, livrables à Bergen, déjà vendus par les soins de Messieurs Help frères, Fils de l’Aîné. Enfin, ce qui doit intéresser la famille, c’est que nous avons réussi, et les profits seront bons pour moi qui, maintenant, suis à part entière.

« D’ailleurs, si ce n’est pas la fortune que je rapporte au logis, j’ai comme une idée, ou plutôt j’ai comme un pressentiment qu’elle doit m’attendre au retour ! Oui ! la fortune… sans compter le bonheur ! Comment ?… Cela, c’est mon secret, chère Hulda, et tu me pardonneras d’avoir un secret pour toi. C’est le seul ! D’ailleurs, je te le dirai… Quand ? Eh bien, dès que le moment sera venu – avant notre mariage, s’il était reculé par quelque retard imprévu – après, si je reviens à l’époque dite, et si, dans la semaine qui suivra mon retour à Dal, tu es devenue ma femme, comme je le désire tant !

« Je t’embrasse, chère Hulda. Je te charge d’embrasser pour moi dame Hansen et mon cousin Joël. J’embrasse encore ton front, auquel la couronne rayonnante des mariées du Telemark mettra comme un nimbe de sainte. Une dernière fois, adieu, chère Hulda, adieu !

« Ton fiancé,.........
« Ole Kamp. »