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un billet de loterie.


– Non, monsieur Sylvius. Ne suis-je pas habitué à ces longues courses à travers le Telemark ?

– C’est juste ! Dites-moi, savez-vous quelle est la route la plus directe pour aller de Mœl à Christiania ?

– Parfaitement, monsieur Sylvius. Une fois arrivés à l’extrémité du lac, à Tinoset… Par exemple, je ne sais pas si nous y trouverons une kariol, faute d’avoir envoyé des « forbuds » pour prévenir de notre arrivée au relais, comme on fait d’habitude dans le pays…

– Soyez tranquille, mon garçon, répondit le professeur, j’ai prévu le cas. Mon intention n’est point de vous obliger à faire la route à pied de Dal à Christiania.

– S’il le fallait… dit Joël.

– Il ne le faudra pas. Revenons à notre itinéraire, et dites-moi comment vous le comprenez.

– Eh bien, une fois à Tinoset, monsieur Sylvius, nous contournerons le lac Fol, en passant par Vik et Bolkesjö, de manière à gagner Möse, et de là, Kongsberg, Hangsund et Drammen. Si nous voyageons de nuit comme de jour, il ne sera pas impossible d’arriver demain, dans l’après-midi, à Christiania.

– Très bien, Joël ! Je vois que vous connaissez le pays, et voilà, en vérité, un agréable itinéraire.

– C’est le plus court.

– Eh bien, Joël, je me moque du plus court, vous m’entendez ! répondit Sylvius Hog. J’en sais un autre qui n’allonge le voyage que de quelques heures ! Et celui-là, vous le connaissez, mon garçon, bien que vous n’en parliez pas !

– Et lequel ?

– C’est celui qui passe par Bamble !

– Par Bamble ?

– Oui, Bamble ! Faites donc l’ignorant ! Bamble, où demeure le fermier Helmboë et sa fille Siegfrid !

– Monsieur Sylvius !…