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un billet de loterie.

ne veux pas leur donner un espoir qui peut amener de bien douloureuses déceptions ! Mais à vous, dame Hansen, je vous dis ce que je pense ! Et que Ole soit mort, non ! je ne peux pas le croire ! Non… je ne veux pas le croire… Non ! je n’y crois pas ! »

Dame Hansen, sur ce terrain, où la discussion avait été transportée, ne pouvait plus lutter avec le professeur. Aussi se taisait-elle, et cette Norvégienne, quelque peu superstitieuse au fond, baissait la tête, comme si Ole Kamp eût été prêt à apparaître devant elle.

« En tout cas, dame Hansen, reprit Sylvius Hog, avant de disposer du billet de Hulda, il y avait une chose très simple à faire, et vous ne l’avez pas faite.

– Laquelle, monsieur Hog ?

– Il fallait vous adresser d’abord à vos amis, aux amis de votre famille. Ils n’auraient point refusé de vous venir en aide, soit en se substituant à Sandgoïst dans sa créance, soit en vous avançant la somme nécessaire pour le payer !

– Je n’ai point d’amis, monsieur Hog, auxquels j’eusse pu demander ce service !

– Si, vous en avez, dame Hansen, et j’en connais au moins un, qui l’eût fait sans hésiter et comme un acte de reconnaissance.

– Et quel est-il ?

– Sylvius Hog, député au Storthing ! »

Dame Hansen ne put rien répondre, et elle se contenta de s’incliner devant le professeur.

« Mais ce qui est fait est fait – malheureusement ! ajouta Sylvius Hog. Je vous serai donc obligé, dame Hansen, de ne rien dire à vos enfants de cette conversation sur laquelle il n’y aura plus lieu de revenir ! »

Et tous deux se séparèrent.

Le professeur avait repris sa vie habituelle et recommencé ses promenades quotidiennes. Pendant quelques heures, il visitait avec Joël et Hulda les environs de Dal, mais sans aller trop loin, afin de ne point fatiguer la jeune fille. Rentré dans sa chambre, il se remettait à sa correspondance qui ne laissait