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le numéro 9672.

XV

Le lendemain, Sylvius Hog revint à Dal dans la soirée. Il ne dit rien de son voyage. Personne ne sut qu’il était allé à Bergen. Tant que les recherches commencées n’auraient pas donné un résultat quelconque, il voulait les taire à la famille Hansen. Toute lettre ou dépêche, qu’elle vînt de Bergen ou de Christiania, devait lui être adressée personnellement à l’auberge, où il se proposait d’attendre les événements. Espérait-il toujours ? Oui ! mais il fallait bien l’avouer, ce n’était plus que du pressentiment.

Dès qu’il fut de retour, le professeur n’eut pas de peine à reconnaître qu’un événement grave s’était passé pendant son absence. L’attitude de Joël et de Hulda indiquait clairement qu’une explication avait dû avoir lieu entre leur mère et eux. Un nouveau malheur venait-il donc de frapper la famille Hansen ?

Cela ne put qu’affliger profondément Sylvius Hog. Il éprouvait pour le frère et la sœur une affection si paternelle qu’il n’eût pas été plus étroitement attaché à ses propres enfants. Combien lui avaient-ils manqué pendant cette courte absence – et, peut-être, combien leur avait-il manqué lui-même !

« Ils parleront ! se dit-il. Il faudra qu’ils parlent ! Ne suis-je donc pas de la famille ! »

Oui ! Sylvius Hog se croyait le droit, maintenant, d’intervenir dans la vie privée de ses jeunes amis, de savoir pourquoi Joël et Hulda paraissaient plus malheureux qu’ils ne l’étaient au moment de son départ. Il ne tarda pas à l’apprendre.

En effet, tous deux ne demandaient qu’à se confier à l’excellent homme qu’ils aimaient d’une affection filiale. Ils attendaient, pour ainsi dire, qu’il lui convînt de les interroger. Depuis deux jours, ils s’étaient sentis tellement