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le numéro 9672.

compter sur le rapatriement des survivants du naufrage ? Chose plus que douteuse. Le professeur, à cette demande directe, vit bien que les plus compétents ne pouvaient ou ne voulaient rien répondre. Ce n’était pas une raison pour ne point agir – là-dessus, ils étaient tous d’accord – et cela dans le plus bref délai.

Bergen compte habituellement quelques-uns des navires appartenant à la flottille norvégienne de l’État. À ce port est attaché un des trois avisos qui font le service de la côte occidentale, en s’arrêtant aux escales de Drontheim, du Finmark, d’Hammerfest et du cap Nord. En ce moment, un de ces avisos était mouillé dans la baie.

Après avoir rédigé une note qui résumait l’opinion des marins réunis chez Help junior, Sylvius Hog se rendit aussitôt à bord de l’aviso Telegraf. Là, il fit connaître au commandant la mission spéciale dont le gouvernement l’avait chargé.

Le commandant reçut le professeur avec empressement et se déclara prêt à lui donner tout son concours. Il avait déjà fait la navigation de ces parages pendant les longues et périlleuses campagnes qui entraînent les pêcheurs de Bergen, des îles Loffoden et du Finmark, jusqu’aux pêcheries de l’Islande et de Terre-Neuve. Il pourrait donc apporter ses connaissances personnelles à l’œuvre d’humanité qui allait être entreprise, et il promettait de s’y donner tout entier.

Quant à la note que lui remit Sylvius Hog – note indiquant le lieu présumé du naufrage – il en approuva absolument les conclusions. C’était dans cette portion de mer comprise entre l’Islande et le Groënland qu’il fallait rechercher les survivants, ou tout au moins quelque épave du Viken. Si le commandant ne réussissait pas, il irait explorer les parages voisins et peut-être la mer de Baffin sur sa côte orientale.

– Je suis prêt à partir, monsieur Hog, ajouta-t-il. Mon charbon et mes vivres sont faits, mon équipage est à bord, et je puis appareiller aujourd’hui même.

– Je vous remercie, commandant, répondit le professeur, et je suis très touché de l’accueil que vous m’avez fait. Mais encore une question : pouvez-