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un billet de loterie.

Pendant ces deux semaines, on avait dû surveiller Hulda. Accablée par tant de douleurs, elle donna de sérieuses craintes pour sa santé. Heureusement, les soins ne lui manquèrent pas. Sur la demande de Sylvius Hog, le célèbre docteur Boek, son ami, vint à Dal voir la jeune malade. Il n’eut que le repos du corps à lui prescrire, et le calme de l’âme, s’il était possible. Mais le vrai moyen de la guérir, c’était le retour de Ole, et ce moyen, Dieu seul en pouvait disposer. En tout cas, Sylvius Hog n’épargna point ses consolations à la jeune fille, et il ne cessa pas de lui faire entendre des paroles d’espérance. Et, quoique cela puisse paraître invraisemblable, Sylvius Hog ne désespérait pas !

Treize jours s’étaient écoulés depuis l’arrivée du billet envoyé par la Marine à Dal. On était au 30 juin. Quinze jours encore, et le tirage de la loterie des Écoles allait s’effectuer en grande pompe dans un des vastes établissements de Christiania.

Précisément, ce 30 juin, dans la matinée, Sylvius Hog reçut une nouvelle lettre de la Marine en réponse à ses instances réitérées. Cette lettre l’engageait à s’entendre avec les autorités maritimes de Bergen. De plus, elle l’autorisait à organiser immédiatement les recherches relatives au Viken avec le concours de l’État.

Le professeur ne voulut rien dire à Joël ni à Hulda de ce qu’il allait entreprendre. Il se contenta de leur annoncer son départ, en prétextant un voyage d’affaires qui ne le retiendrait que quelques jours.

« Monsieur Sylvius, je vous en supplie, ne nous abandonnez pas ! lui dit la pauvre fille.

– Vous abandonner… vous qui êtes devenus mes enfants ! » répondit Sylvius Hog.

Joël offrait de l’accompagner. Cependant, ne voulant pas laisser soupçonner qu’il allait à Bergen, il ne lui permit de venir que jusqu’à Mœl. D’ailleurs, il ne fallait pas que Hulda restât seule avec sa mère. Après avoir été alitée pendant quelques jours, elle commençait à se lever, maintenant ; mais elle était faible encore, elle gardait la chambre, et son frère sentait bien qu’il ne pouvait la quitter.