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le numéro 9672.

XII

Voilà donc quel était le secret du jeune marin ! C’était là cette chance sur laquelle il comptait pour apporter une fortune à sa fiancée ! Un billet de loterie, acheté avant son départ !… Et au moment où allait sombrer le Viken, il l’avait enfermé dans une bouteille, il l’avait jeté à la mer, avec un dernier adieu pour Hulda !

Cette fois, Sylvius Hog fut anéanti. Il regardait la lettre, puis le document !… Il ne parlait plus. Qu’eût-il pu dire, d’ailleurs ? Quel doute pouvait exister maintenant sur la catastrophe du Viken, sur la perte de tous ceux qu’il ramenait en Norvège ?

Hulda, pendant que Sylvius Hog lisait cette lettre, avait pu résister et se raidir contre l’angoisse. Mais, après les derniers mots du billet de Ole, elle tomba dans les bras de Joël. Il fallut la transporter dans sa chambre, où sa mère lui donna les premiers soins. Elle voulut rester seule alors, et, maintenant, agenouillée près de son lit, elle priait pour l’âme de Ole Kamp.

Dame Hansen était rentrée dans la salle. Tout d’abord, elle fit un pas vers le professeur, comme si elle eût voulu parler, et, se dirigeant vers l’escalier, elle disparut.

Joël, lui, après avoir reconduit sa sœur, était aussitôt sorti. Il étouffait dans cette maison ouverte à tous les vents de malheur. Il lui fallait l’air du dehors, l’air de la bourrasque, et, pendant une partie de la nuit, il resta à errer sur les bords du Maan.

Sylvius Hog était seul maintenant. Au premier moment, abattu par ce coup de foudre, il ne tarda pas à retrouver son énergie habituelle. Après avoir fait deux ou trois tours dans la salle, il écouta si quelque appel de la jeune fille n’arriverait pas jusqu’à lui. N’entendant rien, il s’assit près de la table, et ses réflexions reprirent leur cours.