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seconde patrie.


– Peut-être, reprit John Block, mais, ici, du moins, nous n’aurons pas à rencontrer des sauvages.»

En effet, aucune créature, fût-ce de celles qui sont placées au plus bas de l’échelle humaine, n’aurait pu vivre sur cet infertile rivage.

Jenny, François et Doll, James et sa femme, assis sur les bancs, promenaient leurs regards à la surface de ce littoral, si différent des rivages verdoyants de la Terre-Promise, l’embouchure du ruisseau des Chacals, la baie du Salut, le littoral de Falkenhorst !… Et même l’îlot de la Roche-Fumante, d’aspect si triste pourtant, n’avait-il pas offert à Jenny Montrose ses productions naturelles, l’eau vive de son ruisseau, le gibier de ses bois et de ses plaines ?… Ici rien que la pierre et le sable, un banc de coquillages qui se dessinait sur la gauche, de longues traînées de plantes marines à la limite du relais de mer, enfin une terre de désolation !

Le règne animal se réduisait à quelques oiseaux marins, des goélands, des macreuses, des mouettes, des hirondelles, que la présence de l’homme troublait dans leur solitude et qui poussaient des cris assourdissants. Plus haut, à travers l’espace, passaient à grands coups d’aile des frégates, des alcyons et des albatros.

« Voyons, dit alors le bosseman, si cette