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seconde patrie.

lorsque les battements de la voile à demi carguée indiquèrent qu’elle pourrait servir.

Les avirons rentrés, Fritz et François, après avoir hissé la misaine à bloc, l’étarquèrent de toutes leurs forces, tandis que le bosseman retenait l’écoute qui battait sur le plat-bord.

N’était-ce donc qu’une brise folle, dont les souffles intermittents ne parviendraient même pas à dissiper la brume ?…

Encore vingt minutes d’hésitation, et la houle s’accentua en prenant par le travers la chaloupe que le bosseman parvint à redresser avec la godille. Puis, la misaine et le foc se remplirent, en tendant leurs écoutes.

Quant à la direction qu’il convenait de suivre, c’était celle du nord en attendant que le vent eût pris assez pour dégager l’horizon.

Il y avait lieu d’espérer que cela se produirait dès que la brise l’atteindrait. Aussi, tous les regards s’obstinaient-ils de ce côté. La terre n’apparût-elle qu’un seul instant, John Block n’en demandait pas davantage et gouvernerait sur elle.

Le rideau, pourtant, ne s’entr’ouvrait pas, bien que le vent semblât prendre de la force au déclin du soleil. L’embarcation filait avec une certaine rapidité. Fritz et le bosseman en étaient même à se demander si elle n’avait pas dépassé l’île, – si c’était une île, – ou doublé ce continent par l’est ou par l’ouest, – si c’était un continent.