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seconde patrie.

de cette première journée, les hauts sommets du Cap, reculés d’une quinzaine de lieues, disparurent à l’horizon.

Harry Gould était un excellent marin, dont le sang-froid égalait la résolution. Alors dans toute la force de l’âge, n’ayant pas dépassé quarante-deux ans, il avait fait ses preuves comme officier d’abord, puis en qualité de capitaine. Ses armateurs pouvaient avoir toute confiance en lui.

Cette confiance, le second du Flag, Robert Borupt, ne l’eût pas méritée. Du même âge que Harry Gould, d’un caractère jaloux, vindicatif, dominé par des passions violentes, il ne se croyait jamais récompensé suivant son mérite. Déçu dans son espoir de commander le Flag, il gardait au fond de l’âme, contre son capitaine, une sourde haine qu’il savait dissimuler. Mais cette disposition n’avait pu échapper au bosseman, John Block, homme intrépide et sûr, dévoué de cœur et d’âme à son chef. Or, l’équipage du Flag, comprenant une vingtaine de matelots, n’était pas de premier choix, et Harry Gould ne l’ignorait point. Le bosseman ne voyait pas sans déplaisir l’indulgence que Robert Borupt accordait trop souvent à certains matelots dont il y avait à se plaindre dans le service. Tout cela lui paraissait suspect, et il ne cessait d’observer le second, décidé à prévenir Harry Gould, qui écoutait volontiers ce brave et honnête marin.

Du 1er au 19 septembre, la navigation ne pré-