Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

38
seconde patrie.

réservée pour Fritz et sa femme, et, contiguë à celle-ci, une autre pour François, lesquels prendraient leurs repas à la table du capitaine Littlestone.

La navigation n’offrit rien de très particulier. Ce furent les incidents habituels des traversées, mer assez inconstante, contrariétés provenant de l’instabilité des vents, calmes qui, sous les tropiques, semblent ne devoir jamais finir, quelques rudes assauts de gros temps que la corvette, bien manœuvrée, supporta sans grand dommage. On croisa plusieurs bâtiments dans l’Atlantique sud, qui durent rapporter des nouvelles de la Licorne en Europe. À cette époque d’apaisement, après de si longues et si redoutables guerres, les mers étaient très sûres, et les navires ne couraient aucun danger sous ce rapport.

Fritz et François firent plus complète connaissance avec le chapelain qui avait connu le colonel Montrose aux Indes. À quel meilleur confident Jenny eût-elle pu parler de son père, si ce n’est celui qui avait eu avec le colonel d’étroites relations d’amitié ? C’est de cet excellent homme qu’elle apprit ce qu’il avait souffert lors de son retour en Angleterre, ses inquiétudes d’abord en attendant l’arrivée de la Dorcas, partie quelques jours avant le bâtiment qui allait le ramener en Europe. Quels tourments, puis quel désespoir, lorsqu’il fut malheureusement acquis que la Dorcas s’était