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seconde patrie.


Ainsi donc, ce départ des pirogues n’était qu’une ruse. Les naturels voulaient laisser croire qu’ils avaient définitivement abandonné l’île. Puis, profitant de la marée montante, ils étaient revenus vers l’îlot du Requin qu’ils espéraient surprendre. La manœuvre avait eu plein succès. Bien que leur présence fût connue et qu’ils eussent été accueillis à coups de fusil, ils occupaient la pointe, d’où il leur serait facile de gagner le magasin central.

La situation était donc gravement empirée, et même désespérée, puisque les pirogues avaient pu y débarquer toute la bande. Que M. Zermatt et ses compagnons fussent en état d’opposer une sérieuse résistance, de tenir tête à un aussi grand nombre d’assaillants, c’était impossible. Qu’ils dussent succomber, lorsque les munitions et les provisions viendraient à leur manquer, ce n’était que trop certain, et ils ne se faisaient aucune illusion à cet égard !…

Quoi qu’il en soit, il n’y avait qu’à se réfugier sur le monticule dans le poste de la batterie. C’était là seulement que l’on pouvait se défendre.

Mmes Zermatt et Wolston, Jenny, Annah, Doll, Suzan et son enfant vinrent s’abriter sous le hangar qui abritait les deux canons. Elles ne laissaient pas échapper une plainte, elles s’efforçaient de contenir leurs angoisses.

Un instant, M. Zermatt eut la pensée de les transporter au rivage de Falkenhorst avec la chaloupe. Mais que deviendraient ces pauvres