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seconde patrie.

fants, nos frères, nos sœurs, nos amis ne reviendront plus sur cette seconde patrie où les attendait tant de bonheur, où nous avions été si heureux, où nous aurions pu l’être longtemps encore !… »

C’est qu’alors, après une si longue absence, ils ne mettaient pas en doute que la Licorne n’eût fait naufrage, qu’elle ne se fût perdue corps et biens, qu’on n’eût plus de ses nouvelles ni en Angleterre ni à la Terre-Promise !…

En effet, si la corvette avait accompli sans accident son voyage d’aller, après avoir relâché quelques jours au cap de Bonne-Espérance, elle fût arrivée en trois mois à Portsmouth, son port d’attache. De là, quelques mois plus tard, elle serait repartie à destination de la Nouvelle-Suisse, et bientôt plusieurs navires d’émigrants auraient été expédiés à la colonie anglaise. Or, puisqu’aucun bâtiment n’avait visité cette portion de l’océan Indien, c’est que la Licorne avait sombré dans ces dangereuses mers comprises entre l’Australie et l’Afrique, avant même d’avoir atteint sa première relâche à Capetown, c’est que l’existence de l’île était toujours ignorée et ne serait désormais connue que si les hasards de la navigation conduisaient quelque navire jusqu’à ces lointains parages que ne traversaient point à cette époque les routes maritimes.

Oui ! il n’était que trop juste, cet enchaînement de faits, elles n’étaient que trop logiques,