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seconde patrie.

arriver en septembre ou en octobre, n’apparaissait pas au large de la Nouvelle-Suisse. Vainement Jack alla-t-il plusieurs fois guetter le retour de la corvette du haut de Prospect-Hill… Il dut chaque fois rentrer à Felsenheim sans l’avoir aperçue.

Or, ce qu’il importe de mentionner et pour n’y plus revenir, c’est que ce navire, observé par M. Wolston, Ernest et Jack, alors qu’ils se trouvaient à la pointe du pic Jean-Zermatt, c’était le Flag, et cela put être constaté par la concordance des dates. Oui ! c’était le trois-mâts, tombé entre les mains de Robert Borupt, qui, après s’être rapproché de l’île, avait rallié l’océan Pacifique par les parages de la Sonde, et dont on ne devait plus jamais entendre parler.

Enfin les dernières semaines de l’année se passèrent dans une tristesse qui devint bientôt du désespoir. Après quinze mois, MM. Zermatt et Wolston, Ernest et Jack ne conservaient plus aucune espérance de revoir la Licorne. Mme Zermatt, Mme Wolston, Annah ne cessaient de pleurer les absents… Aucun d’eux n’avait plus de courage à rien… Et leur pensée était celle-ci :

« À quoi bon travailler à la prospérité de notre île ?… Pourquoi fonder d’autres métairies, ensemencer d’autres champs, améliorer sans cesse un domaine déjà trop grand pour nous, trop considérable pour nos besoins ?… Nos en-