Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

243
seconde patrie.

qu’à s’y embarquer, à la démarrer, puis à la pousser dans le courant.

Aussitôt, Jenny, Doll, Suzan et l’enfant prirent place à l’arrière. Leurs compagnons se blottirent entre les bancs, Fritz et François se mirent aux pagaies.

Il était, en ce moment, près de dix heures, et, par une nuit sans lune, on pouvait espérer de passer sans être aperçu.

Il va de soi que, malgré l’obscurité assez profonde, il ne serait pas difficile de se diriger vers l’îlot.

Dès que la pirogue eut été saisie par le courant, elle fut entraînée de ce côté.

Chacun gardait le silence. Pas un mot n’était échange, même à voix basse. Tous les cœurs se serraient en proie à une inexprimable émotion. Que les familles Zermatt et Wolston fussent sur cet îlot, nul doute… Cependant, si quelqu’un des leurs était resté prisonnier… ou avait succombé en se défendant…

Il n’y avait pas à compter sur le flot pour gagner directement l’îlot du Requin. À une demi-lieue du rivage, il s’en détournait pour remonter vers l’embouchure du ruisseau des Chacals et s’étendre jusqu’au fond de la baie du Salut.

Fritz et François nagèrent donc avec vigueur en direction du sombre massif, duquel ne s’échappaient ni un bruit ni une lueur.

Mais M. Zermatt ou M. Wolston, Ernest ou