Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

4
seconde patrie.

– D’accord… d’accord… il est nécessaire que la terre apparaisse… déclara John Block. C’est même pour donner asile aux braves gens que sont faits les continents et les îles, et l’on finit toujours par accoster.

– À la condition, bosseman, que le vent vous y aide…

– Il n’a même été inventé que pour cela, répliqua John Block. Aujourd’hui, par malheur, il était occupé autre part, dans le fond de l’Atlantique ou du Pacifique, car il n’en a pas soufflé de quoi remplir mon bonnet !… Oui ! mieux vaudrait une bonne tempête, qui nous pousserait du bon côté…

– Ou qui nous engloutirait, Block…

– Pas de ça… non… pas de ça !… De toutes les façons de terminer la chose, ce serait la plus mauvaise…

– Qui sait, bosseman ?… »

Les deux hommes restèrent quelques minutes sans échanger une parole. On n’entendait qu’un léger clapotis sur les flancs de l’embarcation.

« Et notre capitaine ?… reprit le plus jeune.

– Harry Gould, le digne homme, il ne va pas bien… répondit John Block. Comme ces coquins l’ont arrangé !… Et cette blessure à la tête qui lui fait pousser des cris de douleur !… Et, quand j’y songe, c’est un officier dans lequel il avait toute confiance qui a excité ces malheureux !… Non ! un beau matin, ou dans l’après-midi, ou encore au coucher du soleil, si ce gueux de