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seconde patrie.

lointaines avaient remué jusqu’au plus profond de leur être ceux qui venaient de les entendre. Il semblait qu’elles les eussent rattachés à leurs semblables, que cet îlot parût maintenant moins isolé sur ces parages…

Et alors un irrésistible besoin les prit de discuter les nouvelles chances qu’offrait cette éventualité dans laquelle ils voyaient leur salut… Ce qu’ils auraient voulu, sans attendre au lendemain, c’eût été de gagner l’extrémité du plateau, d’observer en direction du nord cette partie de mer d’où étaient partis les coups de canon… Mais le soir s’avançait, la nuit ne tarderait pas à tomber, – une nuit sans lune, sans étoiles, épaissie par les nuages bas que la brise chassait vers le sud… Puis, au milieu de l’ombre, comment se risquer entre les roches ?… Ce qui serait déjà bien difficile le jour était impossible au milieu des ténèbres.

Il y eut donc lieu de s’installer à cette place, et c’est ce dont chacun dut s’occuper. Après maintes recherches, le bosseman finit par découvrir une sorte de réduit, un entre-deux de blocs, où Jenny, Suzan, Doll et le petit garçon pourraient se blottir, à défaut de sable ou de varechs pour s’étendre. N’importe ! il y aurait là un abri contre le vent s’il fraîchissait, un abri contre la pluie même si les nuages crevaient sur ces hauteurs.

Et, tout d’abord, les provisions furent tirées des sacs, et chacun mangea du mieux qu’il put. Il