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seconde patrie.

grotte, s’y installer durant les longs mois d’un hivernage, et n’attendre le salut que du dehors !…

Il était cinq heures alors, et avant que le soir n’obscurcît l’espace, il n’y avait pas de temps à perdre. Sans doute, on mettrait moins de temps à redescendre qu’on n’en avait mis à monter, mais, au milieu de l’ombre, le cheminement ne serait pas facile.

Cependant, puisqu’il restait à reconnaître la partie septentrionale du plateau, convenait-il de le faire pendant qu’il faisait jour encore ?… Devait-on même y camper la nuit entre les quartiers de roches dispersés à sa surface ?… Cela n’eût pas été prudent… Si le temps venait à changer, où trouver un abri ?… La sagesse exigeait que l’on revînt sans retard.

C’est alors que Fritz fit cette proposition :

« Chère Jenny, dit-il, que François te ramène à la grotte avec Doll, Mme Wolston et le petit… Vous ne pouvez passer la nuit sur la falaise… Le capitaine Gould, John Block et moi, nous y resterons, et demain, dès qu’il fera jour, nous en achèverons la reconnaissance… »

Jenny ne répondit pas, tandis que Suzan et Doll semblaient la consulter du regard.

« Ce que Fritz propose est prudent, ajouta François, et d’ailleurs que pouvons-nous espérer en nous attardant ici ?… »

Jenny continuait à garder le silence, observant cette immense mer qui se déployait sur les trois quarts de l’horizon, cherchant peut-être un na-