Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

160
seconde patrie.

serait allongé, car, en admettant qu’il aboutît au plateau, il aurait dû racheter cette différence de quatre-vingts toises environ qui existait entre le niveau de la grève et la partie supérieure de la falaise. En outre, ce qui ne tarda pas à accroître sensiblement le trajet, ce furent les sinuosités. On eût dit les brusques et capricieux détours d’un labyrinthe à l’intérieur du massif. Toutefois, d’après la lumière qui se propageait d’en haut, Harry Gould avait lieu de croire que la direction générale de la gorge était du sud au nord. Quant à ses parements latéraux, ils s’écartaient peu à peu, – ce qui rendait la marche plus facile.

Vers dix heures, il y eut nécessité de faire halte afin que chacun pût reprendre haleine. On s’arrêta dans une sorte d’évasement semi-circulaire, au-dessus duquel apparaissait une plus large tranche du ciel.

Harry Gould estimait à deux centaines de pieds seulement l’altitude de cet endroit au-dessus du niveau de la mer.

« À ce compte-là, fit-il observer, il faudra de cinq à six heures pour gagner le plateau…

– Eh bien, répondit Fritz, il sera grand jour encore lorsque nous y arriverons, et, au besoin, nous aurons le temps de redescendre avant la nuit.

– Vous avez raison, Fritz, répliqua Harry Gould, mais sommes-nous assurés que cette