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seconde patrie.

Gould et les siens eussent passées sur cette côte déserte !

Vers deux heures du matin, le ciel, brillant d’étoiles jusqu’alors, commença à se voiler. La brise avait sauté au nord, et les nuages, venus de cette direction, s’accumulaient dans l’espace. S’ils n’étaient pas très épais, ils chassaient du moins avec une vitesse croissante, et, assurément, à l’est et à l’ouest de la falaise, la mer devait être démontée.

C’était l’heure à laquelle le flot ramenait sur la grève les lames de la marée montante.

À ce moment, Mme Wolston se releva, et, avant qu’on eût pu la retenir, elle s’élança hors de la grotte, en proie au délire, criant d’une voix effrayante :

« Mon enfant… mon enfant ! »

Il fallut employer la force pour la reconduire. James, qui avait rejoint sa femme, la prit dans ses bras, et la ramena plus morte que vive.

La malheureuse mère resta étendue sur le tas de varechs, où d’habitude Bob reposait près d’elle. Jenny et Doll essayèrent de la ranimer, mais ce ne fut pas sans grande peine qu’elle reprit ses sens.

Pendant le reste de la nuit le vent ne cessa de raser en rugissant le plateau supérieur de la falaise. Vingt fois Fritz, François, Harry Gould, le bosseman, explorèrent la plage, avec cette crainte que la marée montante ne déposât un petit cadavre sur le sable…