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seconde patrie.

milieu des mers du Pacifique, les tourmentes se déchaînent avec une extraordinaire violence, et peuvent provoquer un sérieux abaissement de la température.

Le capitaine Gould, Fritz et John Block causaient parfois à ce sujet. Puisqu’ils ne pouvaient écarter les menaces de l’avenir, mieux valait les regarder en face. Résolus à lutter, ils ne ressentaient plus rien du découragement qu’avait d’abord provoqué la destruction de la chaloupe.

« Ah ! si la situation n’était pas aggravée par la présence de ces trois femmes et de cet enfant, répétait Harry Gould, si nous n’étions ici que des hommes…

– Raison de faire plus encore que nous n’aurions fait », répondait Fritz.

En prévision de l’hiver, une grave éventualité se posait : si les froids devenaient rigoureux, s’il fallait entretenir un foyer jour et nuit, le combustible ne viendrait-il pas à manquer ?…

Il n’y avait pas lieu de le craindre, du moment que l’on se contentait des varechs, régulièrement déposés sur la grève par chaque marée montante et que le soleil séchait vite. Toutefois, comme la combustion de ces plantes marines produisait une acre fumée, on ne pourrait les employer au chauffage de la grotte dont l’atmosphère deviendrait irrespirable. Aussi conviendrait-il d’en fermer l’entrée avec les voiles de la chaloupe, et assez solidement