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seconde patrie.

de remonter le long du littoral, il fallait renoncer à atteindre le sommet de la falaise.

Triste, bien triste fut le Noël de cette funeste année !… Et quelle désolation à la pensée de ce qu’eut été le Christmas dans la grande salle de Felsenheim, au milieu des deux familles, en compagnie du capitaine Gould et de John Block ! Il sembla que les douleurs de l’abandon en fussent accrues, et cette fête se réduisit à des prières où il n’y avait plus guère d’espoir !

Et pourtant, il fallait tenir compte de ce que, malgré tant d’épreuves, la santé de ce petit monde n’en était pas encore affectée. Quant au bosseman, les misères, pas plus que les déceptions, n’avaient prise sur lui.

« J’engraisse, répétait-il, oui… j’engraisse !… Voilà ce que c’est que de passer son temps à ne rien faire ! »

Rien faire, hélas ! et, malheureusement, dans cette situation, il n’y avait rien à faire !

L’après-midi du 29, il se produisit un incident qui, d’ailleurs, ne pouvait apporter aucun changement, bien qu’il rappelât le souvenir de temps plus heureux.

Un oiseau vint se poser sur la partie du promontoire dont l’accès était praticable.

C’était un albatros, qui arrivait de loin, sans doute, et paraissait très fatigué. Il s’étendit sur une roche, les pattes allongées, les ailes repliées.