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baie des Perles. Puis, lorsqu’il fut seul avec M. Zermatt, celui-ci eut grand’peine à cacher sa surprise quand son fils lui confia ce qui suit :

Parmi les nombreux oiseaux qui tourbillonnaient au-dessus du promontoire, hirondelles de mer, mouettes, frégates, se montraient aussi plusieurs couples d’albatros dont l’un tomba, frappé d’un coup de gaffe

Mais, alors qu’il tenait l’oiseau sur ses genoux, Fritz vit un morceau de forte toile qui enveloppait l’une de ses pattes, et sur lequel il lut ces lignes écrites en anglais très lisiblement :

« Qui que vous soyez à qui Dieu enverra ce message d’une infortunée, mettez-vous à la recherche d’une île volcanique que vous reconnaîtrez à la flamme qui s’échappe de l’un de ses cratères. Sauvez la malheureuse abandonnée de la Roche-Fumante ! »

Ainsi, dans les parages de la Nouvelle-Suisse depuis plusieurs années peut-être, une infortunée, femme ou fille, vivait sur un ilot, n’ayant aucune de ces ressources que le Landlord avait procurées à la famille naufragée !…

« Et qu’as-tu fait ?… demanda M. Zermatt.

— La seule chose qu’il y eût à faire, répondit Fritz. J’essayai de ranimer l’albatros, qui était seulement étourdi par le coup de gaffe, et j’y parvins en lui versant un peu d’hydromel dan le bec. Alors, sur un morceau de mon mouchoir j’écrivis avec le sang d’une loutre ces mots en anglais : « N’ayez confiance qu’en Dieu !… Son