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seconde patrie.

avait-il remis le kaïak à l’eau. Il emportait de provisions de bouche, une hache, un harpon une gaffe, des filets, un fusil, une paire de pistolets, une gibecière, une gourde d’hydromel. Le vent de terre l’ayant rapidement conduit au delà du cap en profitant du reflux, il avait suivi le littoral qui obliquait un peu vers le sud-ouest.

En arrière du cap, à la suite d’un énorme amas de roches entassées dans un effrayant désordre dû à quelque violente convulsion géologique, se creusait une baie spacieuse, terminée à l’opposé par un promontoire taillé à pic. Cette baie servait de refuge à toutes sortes d’oiseaux de mer qui remplissaient l’espace de leurs cris. Sur ses grèves ronflaient au soleil de volumineux amphibies, loups marins, phoques, walruss et autres, tandis que voguaient à sa surface des myriades d’élégants nautiles.

Fritz ne se souciait pas d’avoir affaire à ces redoutables mammifères, encore moins d’affronter leurs attaques dans sa faible embarcation. Aussi, passant à l’ouvert de la baie, continua-t-il à naviguer vers l’ouest.

Après avoir doublé une pointe de forme singulière, et à laquelle il donna le nom de cap Camus, Fritz s’engagea sous une arche naturelle, dont le ressac battait les piliers à leur base. Là étaient réunis des milliers d’hirondelles, dont les nids étaient accrochés ou plutôt plaqués aux moindres plis des parois et de la voûte. Fritz