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seconde patrie.

modifier leur situation présente, sinon à venir.

Le 9 avril, vers sept heures du matin, lorsque M. Zermatt sortit de sa demeure avec Ernest, Jack et François, il chercha vainement son fils aîné qu’il croyait occupé à quelques travaux du dehors.

Fritz avait l’habitude de fréquentes absences, et cela n’était pas pour inquiéter son père ni sa mère, bien que celle-ci éprouvât toujours quelque crainte lorsque son fils s’en allait au large de la mie du Salut.

Il n’était pas douteux que le hardi jeune homme ne fût en mer, puisque le kaïak n’était plus sous son abri.

Comme l’après-midi s’avançait, M. Zermatt, Ernest et Jack se rendirent avec la chaloupe à l’îlot du Requin, pour y guetter le retour de Fritz. Au besoin, afin de ne pas laisser Betsie dans l’incertitude, son mari devait tirer un coup le canon s’il tardait à revenir.

Cela ne fut pas nécessaire. À peine ses deux fils et lui avaient-ils mis le pied sur l’îlot que Fritz doublait le cap de l’Espoir-Trompé. Dès qu’ils l’aperçurent, M. Zermatt, Ernest et Jack se rembarquant, accostèrent l’anse de Felsenheim à l’instant où Fritz sautait sur la plage.

Fritz dut alors faire le récit de ce voyage qui avait duré une vingtaine d’heures. Depuis quelque temps il méditait d’effectuer la reconnaissance de la côte septentrionale. Aussi, ce matin-là, accompagné de son aigle Blitz,