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seconde patrie.

nomie franche, figure ouverte, regard d’une acuité prodigieuse, avait beaucoup gagné sous le rapport du caractère.

Ernest, plus sérieux que ne le comportaient ses vingt-deux ans, plus entraîné aux exercices de l’esprit qu’aux exercices du corps, contrastait avec Fritz, et s’était fort instruit en puisant à la bibliothèque rapportée du Landlord.

Jack pétillait sur ses vingt ans. C’était la vivacité, le mouvement perpétuel, aventureux autant que Fritz, passionné pour la chasse autant que lui.

Bien que le petit François fût devenu un grand garçon de seize ans, sa mère le caressait encore comme s’il en avait dix.

L’existence de cette famille était donc aussi heureuse que possible, et quelquefois Mme Zermatt disait à son mari :

« Ah ! mon ami, ne serait-ce pas le véritable bonheur, si nous devions toujours vivre avec nos enfants, si, dans cette solitude, nous n’étions pas condamnés à disparaître l’un après l’autre, laissant aux survivants tristesse et abandon !… Oui ! je bénirais le ciel qui nous a fait ce paradis sur la terre !… Mais, hélas ! un jour viendra où nos yeux se fermeront… »

Telle était, telle avait toujours été la plus grave préoccupation de Betsie. Bien souvent, M. Zermatt et elle échangeaient leurs trop justes appréhensions à ce sujet. Or, cette année-là, se produisit un événement inattendu qui allait